21/12/2016

Typhon de Joseph Conrad

Ayant retrouvé mon ancienne édition de Typhon, parue en 1985 dans la collection Grands Ecrivains choisis par l'Académie Goncourt, je me plonge dans le roman de Joseph Conrad.
Je ne suis jamais allé au bout de ce court récit maritime. Trop de termes techniques ? De descriptions ? Edité dans la Bibliothèque verte, il est souvent catalogué comme roman jeunesse. Ce qu'il n'est pas ! Il est de peu d'intérêt pour les jeunes lecteurs : pas d'aventure, pas de trame narrative claire, pas de héros auquel on pourrait s'identifier, un huis-clos dans un bateau.
C'est un texte dur, dense, âpre, dans lequel on peut ne pas du tout entrer.
J'apprécie particulièrement deux aspects : d'abord l'écriture, laquelle nous plonge dans le chaos régnant à bord du vapeur Nan-Shan qui, faisant route vers le port de Fou-Tchéou, en pleine Mer de Chine, est la proie d'un terrible typhon.
Ensuite, le héros, ce capitaine MacWhirr, dont on dit qu'il est ordinaire, sans imagination, stupide.
C'est pourtant lui, par son sang-froid, qui sauve son navire avec l'équipage et les passagers, deux cents coolies chinois rentrant chez eux avec leur paye.
Typhon est construit comme une tragédie. Le destin de ces hommes est tout tracé, ils vont mourir et tous le savent. Le météore est le symbole de la mort à laquelle ils ne peuvent échapper.
Les marins luttent, avec force, dignité, contre les éléments, certains laissent apparaître des failles, des lâchetés.
Le capitaine MacWhirr n'est pas de ceux-là : il connaît son devoir et il l'accomplira jusqu'au bout, sans réfléchir à son issue. Il fait penser, prosaïquement, à ces légionnaires qui accompliront leur mission coûte que coûte, ou aux héros grecs lorsqu'ils oublient leur hybris.
Le capitaine MacWhirr pourrait tout aussi bien être un meurtrier implacable, il est le sauveur. Son navire doit revenir au port et le désordre humain, trop humain, qui perturbe l'équilibre de ce microcosme, doit cesser : on donnera aux hommes ce qui les calme, l'argent, les pièces de dollars d'argent qui leur reviennent.
MacWhirr a résisté à l'enfer de la tempête qui assaille le bateau et à l'enfer humain qui gangrène ses cales où sont entassés les coolies.
Que penser de lui ?
Il n'est pas de l'argile dont on fait les hommes, il est d'une autre nature qui nous dépasse sûrement, et ses hommes, comme nous, pourront dire, une fois arrivés au port, qu' « il s'en est très bien sorti pour un homme aussi stupide ».
On sait qu'ils ont tort mais il manque les mots pour dire le vrai.

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