01/03/2008

Les poèmes : Exégèse des ruines (4ème de couverture)


Exégèse des ruines
plus simplement lecture, interprétation, rêverie, recherche, plongée dans les signes absents
L’historien réunionnais Sudel Fuma a écrit n’avoir « jamais mis la main sur un objet de l’esclavage, un collier ou une chaîne d’esclave. […] Soit les objets ont été détruits, soit ils restent oubliés… »
même les cimetières, auxquels Prosper Eve a consacré une étude, ont englouti les tombes d’esclaves
que reste-t-il
Île de la Réunion - Cirque de Mafate - Îlet à Malheur : 1828, dernière lutte des marrons
l’esclavage aurait-il été oublié
l’histoire noire ne se lirait-elle plus que sur le visage de ses enfants
La Réunion
Dina Margabim, l’île du couchant, dernière escale
et pas un signe des peuples arrachés de Madagascar, d’Abyssinie, de Somalie, du Mozambique, d’Afrique de l’Ouest, d’Inde
le paysage reste muet
mais Anchaing, Dimitile, Cilaos, Le Bloc - lieu de torture où entre deux poutres étaient enserrés les membres
la toponymie parle à qui sait écouter le kayamb des origines
et la musique, la danse avec la calligraphie du moringue
à la négritude atlantique
au héros Toussaint,
quelles légendes indiennocéaniques ?
deux figures du panthéon noir, toutes deux nourrissant la topique infernale du cafre, l’infidèle, dont on sait qu’il donne naissance au cafard
Kalla, nourricière aux seins d’euphorbe
Sitarane, aux lèvres de datura qui souffla la mort et tous ses démons mozambiques
n’oublions pas les sentes de l’exil tracées de pieds d’hommes, la quête céleste de ceux qui refusèrent les chaînes
Stéphane Amiot est né à Toulouse en 1968. Il vit actuellement en Haute-Garonne, après avoir vécu à Djibouti et à la Réunion.
Il a fondé avec quatre amis la revue Totem, qui a cessé de paraître en 2001.
S’il n’est qu’un ici où vivre ailleurs, le royaume de l’écriture et son exil, l’Île de la Réunion a su lui murmurer les mots de la halte, à la lecture des poètes, Boris Gamaleya, Riel Debars, Gilbert Pounia, Carpanin Marimoutou… à l’écoute des contes, racontés par Any Grondin.
Il remercie Rose-Andrée De Laburthe, Isabelle Girault et Gabriel Courvoisier pour leur sollicitude et leur gentillesse.

Aucun commentaire: