10/09/2016

A grands pas dans l'automne - note de lecture de Jacqueline Saint-Jean

NOTES DE LECTURE - Jacqueline Saint-Jean
A grands pas dans l’automne, Stéphane Amiot

Encre de Silvaine Arabo, Editions Alcyone, 2016


Ce n’est pas un romantisme à la Chateaubriand que ce titre plein d’élan annonce, mais le désir, la volonté de traverser intensément la troisième saison de l’existence. « Tourné vers demain », le poème se fait ici promesse, célébration, offrande. "Marcher / quand tout appelle à tomber ». Malgré les pesanteurs, les désertions, « l’usure du regard » et les routines. Malgré « les amis tôt partis », « ces enfants, ces femmes / ces doigts de misère / qui lavent et essuient ta poussière », et les foules hostiles. « Mais quel autre guide / en ces temps de pitance / que la poésie aux côtes vides » ? Elle qui opte ici pour la vie, les mains ouvertes, l’amour, le feu des corps, « quand ton rayonnement / irradie mes molécules ».
L’écriture adopte une variété de forme et de ton qui peut surprendre, de la musicalité du
poème à reprises au texte bref comme un haikai, un aphorisme, une définition dense « les poèmes / traces calcifiées / de nos envols », comme si le poète cherchait parfois à s’écarter de sa pente naturelle au lyrisme ? 
On aime « quand monte la nuit et ses entrailles brunes/ ses remous sa voix son lait noir », quand « s’enflamme / la veillée bleue des façades / dans le vertical épanchement de nos solitudes ». La fraîcheur du regard suscite des images neuves, insolites, ainsi « la Garonne en papier tue-mouches les badauds englués ». Tout ici prend corps, « la vulve des caves » ou « les jardins secrets comme un ventre de femme ». Le regard remonte loin et voit « l’écriture carpe millénaire » passer dans l’eau du temps.
Une poésie généreuse et sensuelle, portée par une ardeur mélancolique, où « la nuit du poème nous imprègne de sa douce lumière ».
Jacqueline Saint-Jean

la revue TEXTURE

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